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jeudi 27 décembre 2012

Qui perd gagne... - 22/12/2012

Prévoir, organiser, réserver... Des mots qui tombent sous le sens lorsque l'on part en voyage. Il est cependant utopique de penser pouvoir organiser 7 mois de voyage à l'avance. D'ailleurs, même s'il permet généralement d'éviter les galères, un semblant d'organisation n'est pas toujours gage de réussite. Arriver la bouche en coeur quelque part peu ainsi être synonyme de plan galère ou au contraire de bonne surprise. A l'inverse, prévoir peut aussi conduire à de grosses désillusions. Illustration à travers les événements de ces derniers jours.

C'est en quittant Hienghène que nous avons tenté de planifier les jours suivants, au cours d'une discussion avec Jenny, monitrice de plongée en formation chez Babou. La feuille de route devait ressembler à peu près à cela : une journée de plongée à Poindimié, puis direction Thio et sa plage de la Moara, célèbre pour accueillir régulièrement un Dugong! Entre temps, un crochet par Koné, pour visiter les 3 "drôles de dames" (lire "un coeur gros comme ça") s'imposait.

Avant même notre départ de Hienghène, ce sympathique calendrier avait pourtant pris du plomb dans l'aile : Les sorties plongée à Poindimié étaient complètes pour le lendemain, snif! Nous avions eu de la chance chez Babou plongée en arrivant à l'improviste, mais là, un simple coup de téléphone venait de nous refroidir. L'accueil délicieux du camping Mo Sa Sa effaça vite cette déconvenue. Quelle joie, à notre arrivée tardive, fourbu et tendus par la route, d'être reçus par 2 sourires et 4 bras ouverts!! En plus, pour ne rien enlever au charme de ce camping, le tombant corallien situé à moins de 50 m de la plage est époustoufflant!

Rendez vous était pris avec le dugong de Thio. Auparavant, nous pensions passer voir Marie Jo et les filles de Koné, qui ne purent malheureusement pas nous recevoir. Il est vrai que prévenir 2h avant notre passage était un peu juste, mais d'un autre côté, nous ne le savions pas nous même! Ah, l'organisation et nous, décidément...Il ne restait plus qu'à rallier le Sud est...

Thio, malgré le bon moment chez Ela et Auguste (lire la tribu de Ouindo) et la sympathie des gens rencontrés, restera un lieu d'échecs pour nous. Non seulement nous n'avons pas observé la moindre queue de Dugong (et pourtant, nous nous sommes mis à l'eau un paquet de fois en 3 jours), mais c'est là bas aussi que notre interview sur France inter a capoté!

Comment? On n'vous a pas raconté? (à lire avec l'accent d'un Franck Dubosc des grands jours!). Eh, Oui! nous devions être interviewé par le 5:6 de France Inter, à la rubrique "Nouvelles du monde". Tout était prêt, nous avions même trouvé un poste fixe à la médiathèque de Thio pour être joints sans souci. Quelle excitation d'entendre Guyonne de Montjou annoncer dans le sommaire de l'émission du 19 décembre :"Et à 5h25 nous serons en direct avec Vanessa et Renaud, qui sont en Nouvelle Calédonie et nous parleront de leur tour du monde"... et quelle déception, fin prêts, d'entendre "Alors, malheureusement nous n'arrivons pas à joindre Vanessa et Renaud, nous allons donc passer un peu de Jacques Brel"...Apparemment, le téléphone australien de Renaud sonnait occupé, et ils n'ont pas eu à temps le numéro de la médiathèque...désillusion!

Retour à Nouméa avec donc un peu de vague à l'âme, et surtout la phrase "Nouméa, c'est pas la Calédonie" qui prenait tout son sens après ce séjour en brousse! L'agitation de la ville ne nous convenait plus. Vite! Il ne fallait pas rester là, et partir le plus tôt possible sur les îles loyauté et l'île des pins, dernières étapes du voyage.

C'est ainsi que nous nous sommes pointés au guichet d'Air Calédonie, jeudi 20 autour de 13h30, avec une vague idée du planning des 7 jours suivants: 2 jours sur l'île des pins, 2 sur Ouvéa, 3 sur Lifou. Sauf que prendre des billets pour le paradis à 5 jours de Noël, c'est un peu comme tenter d'avoir des places pour ASSE-OL deux heures avant le coup d'envoi : Il ne restait plus rien! Que dalle, wallou, pet d'lapin! Pire encore, les liaisons maritimes étaient elles aussi complètes. Noël au paradis allait devenir Noël à Nouméa. Et même si l'auberge de jeunesse est accueillante, un réveillon dans la cuisine commune ne nous faisait pas rêver...

Un peu de persévérance, que diable! Passés les appels infructueux aux compagnies maritimes de fret, les avions privés, et envisagé un temps de retarder le départ vers la Nouvelle Zélande, nous retentâmes notre chance auprès d'Air Calédonie. Et là, miracle il y avait un vol aller pour Ouvéa, une liaison Ouvéa - Lifou, un retour et un aller retour vers l'île des pins de disponible. Bon, le départ pour Ouvéa était vendredi matin à 7h avec une liaison vers Lifou le même jour à 14h30 (!), mais le reste du voyage s'enchaînait plutôt bien : retour à Nouméa lundi matin, puis départ dans la foulée pour un Noël sur l'île des pins! Enfin, la roue tournait!

Chat échaudé craint l'eau froide : une fois n'est pas coutume, nous avons choisi de réserver les hébergements sur Lifou et l'île des pins, histoire de ne pas se trouver le bec dans l'eau. Les choses s'annonçaient bien!

Il ne manquait plus que la location d'un véhicule, à l'arrivée sur Lifou. C'est là que les choses se sont gâtées: 2 h de recherche acharnée sous un soleil de plomb (loi de Murphy, quand tu nous tiens...) pour un constat accablant : sur les 5 agences de l'aéroport, aucune n'avait de voiture à disposition! La meilleure proposition était celle de 2 gentilles dames d'Avos Location : nous prendre en stop jusqu'à Wé, à mi chemin entre l'aéroport et notre destination finale! Toujours mieux que rien, nous direz vous. Mais tant qu'à faire du stop, autant aller directement à Luengoni. Renaud entreprit donc de dégoter ça, non sans lancer au compatissant loueur de loca V un petit "alors loca V, toujours pas de voiture?". La réponse le laissa sans voix : "Ben, écoute, si! j'ai une cliente qui ne vient pas, je vous file une clio dans 5 minutes!". Joie! Bonheur! Allégresse!... nous avions un moyen de locomotion! Et une petite pensée pour le couple qui était fièrement venu nous dire "nous non plus on n'a pas de voiture de loc, mais bon, on s'est débrouillé pour faire du stop. On part maintenant, bonne recherche!"

Nous avons alors pu rallier le sud de Lifou, un sourire jusqu'aux oreilles! Cette fois ci, la chance semblait bien de notre côté, et les coups de stress de la veille n'étaient plus que de mauvais souvenirs.

Alors, oui, la méthode "allons y, nous verrons sur place" peut sembler insouciante, voire irresponsable, mais c'est ce que l'on préfère: galérer deux heures et trouver un bon plan plutôt que réserver et être déçus. Effectivement, cela demande une bonne dose de patience et de persévérance. A ceux qui nous diront "mouais, vous avez eu de la chance...", nous répondrons qu'il faut savoir la provoquer. Le prix à payer est de ne pas toujours avoir ce que l'on désire, et d'embarquer l'incertitude comme passager clandestin. Au final, c'est peut-être cela qui nous plaît: l'incertitude du voyage...

 

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