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jeudi 2 mai 2013

Rurrenabaque, partie 1 : la selva du Madidi - 13-15/04/2013

1200 espèces d'oiseaux (sur 11000 dans le monde), des reptiles, des insectes, des félins... nous ne pouvions pas passer à côté de la selva du Madidi: une pure merveille.

Quitter la jungle de la Paz pour celle de Rurre vaut déjà le détour. De l'aéroport d'El Alto (4200 m d'altitude), le survol de la cordillère des Andes est superbe, avant une descente vertigineuse au dessus de la canopée. L'atterrissage sur la piste mi goudron/mi herbe de Rurrenabaque (100 m d'altitude) est quelque peu dépaysant, tout comme le climat chaud et humide. Cette fois, les difficultés respiratoires ne sont plus liées à l'altitude, mais à l'humidité étouffante.

A Rurre, les tours operators sont légion, bien que l'on ne puisse pas parler de tourisme de masse. En fouillant à droite et à gauche, nous avons choisi un tour de 5 jours/4nuits avec l'agence Mashaquipe, et pour tout dire, on ne s'est pas trompé.

Samedi matin, nous avons donc fait la connaissance d'Eber, notre guide, et embarqué pour 3 jours/3nuits dans la selva, le reste de l'excursion étant dans la pampa (lire 'Rurrenabaque, partie 2 : la pampa du Béni'). Notre objectif était simple: partir camper le plus profond possible dans la forêt, pour y rencontrer oiseaux, insectes et mammifères, en caressant le doux espoir de croiser un jaguar. La pluie en avait malheureusement décidé autrement, et nous atteignîmes les habitations traditionnelles du lodge mashaquipe sous des trombes d'eau.

Après un copieux almuerzo, Eber nous fit enfiler bottes et cape de pluie afin de partir marcher quelques heures en forêt. Difficile cependant de voir ou même d'entendre les animaux sous cette pluie battante. Vanessa pris alors a sa charge l'animation de l'après midi: au passage d'un ruisseau sur un tronc d'arbre, Eber et Renaud entendirent un cri étouffé : "Huummpff!". En se retournant, ils virent Vanessa en très fâcheuse posture, cramponnée au tronc d'arbre. Le fou rire de celle ci rassura tout le monde, et mit à l'aise Eber pour la suite du séjour.

Dimanche, la pluie avait cessé, ce qui nous permit de faire route vers un refuge planqué au fond de la jungle. Eber nous guidait, et Gina - la cuisinière - fermait la marche. Gina... Incroyable Gina, véritable Paul Bocuse de la selva, qui nous régala de petits plats du matin au soir pendant ces 3 jours!

Par cette belle journée, la jungle du Madidi se dévoilait enfin: le chant des oiseaux, les cris de singes, les criquets, le grognement des cochons sauvages, puis le silence...avant de repartir de plus belle. L'atmosphère de cette forêt impénétrable est captivante. Des perroquets sur le toit de la canopée aux fourmis découpeuses de feuilles, partout on s'affaire, on se cache, on s'observe. De temps en temps Eber s'arrêtait, tendait l'oreille, imitait le chant d'un oiseau ou le cri d'un singe, nous montrait une piste. Nous étions étrangers, il était notre interprète. Sans lui, en quelques heures, nous aurions été perdus pour toujours.

C'est d'ailleurs ce qui est arrivé à un israëlien, au début des années 80. Il passa 24 jours seuls dans la jungle avant d'être secouru par des locaux. Il en a fait un livre - "el regresso del Tuichi"-, dont la popularité explique la forte concentration de touristes israëliens en Bolivie. Et après avoir pratiqué les touristes américains, allemands, asiatiques et britanniques, nous avons découvert un nouveau type de backpackers bruyants, irrespecteux et sans gêne : le pied!

Mais revenons en à la selva, et au campement sommaire que nous finîmes par atteindre après 5 bonnes heures de marche. Minuscules au milieu de cette grande forêt, nous avons tendu une épaisse moustiquaire au dessus d'un tapis de sol épais comme du papier à cigarette, en prévision de la nuit à venir. Puis, à la suite d'un copieux dîner éclairé à la bougie, une marche nocturne en machouillant de la coca servit de promenade digestive. Boa constrictor, tarantules, singes kinkajou : toute la population nocturne du quartier était de sortie.

De retour au camp, nous nous sommes endormis entourés par les lumières des lucioles dansant dans la forêt. Seule une envie pressante nous tira du sommeil au milieu de la nuit. Et franchement, un pipi de nuit, dans la selva, ca flanque un peu la frousse!

Il faisait encore nuit noire lorsque nous avons levé le camp, lundi matin, à destination du "mirador de los papagayos". Nous marchions silencieux, éclairés par nos frontales, tandis que la jungle s'éveillait lentement. Le mirador fut un peu le remake du Machu Picchu : brumeux à notre arrivée, il se découvrit au bout d'une heure sur le vol des perroquets et autres oropendolas au dessus de la canopée.

Nous pouvions alors rejoindre Gina, qui avait préparé le petit déjeuner, avant de descendre le rio Tuichi jusqu'au lodge Mashaquipe sur une embarcation traditionnelle que nous venions de construire.

La dernière ballade, lundi l'après midi se transforma en traque aux cochons sauvages, que nous pistâmes (au bruit et à l'odeur) un long moment avant de les apercevoir, lors d'un sprint effréné. Restait alors à regagner le lodge pour une nuit de sommeil au rythme des bruits de la selva, avant un retour à Rurre le lendemain matin.

Quant au jaguar, timide, il ne s'est pas montré. Sa piste, que nous avons suivie un long moment dimanche, menait pourtant à proximité de notre bivouac. Eber nous montra d'abord ses traces de pas, puis ses cacas de jaguar malade: en plusieurs endroits, il s'était allongé, avait cassé des branches et mangé des herbes pour se purger. S'il était venu jusqu'à nous, nous l'aurions volontiers dépanné de quelques médicaments...

 

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