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samedi 12 janvier 2013

Kanaky chérie

Le nom de Jean-Marie Tjibaou ne vous dit probablement rien. Ce calédonien assassiné en 1988, figure de la reconnaissance des droits kanaks, est pourtant l'emblème de tout un peuple au même titre que Christian Karembeu...

Au commencement, il y avait les mélanésiens, habitants originels de l'île, comme l'étaient les aborigènes en Australie. Puis James Cook (encore lui !) et d'autres navigateurs foulèrent la terre kanak, avant qu'elle ne soit colonisée par les français, au XIXe siècle.

Afin d'exploiter cette terre lointaine, on y déporta des bagnards et des communards pour y purger leur peine, dans les mines nouvellement établies ou ailleurs. Une fois libérés, ceux-ci obtinrent des terres kanaks, afin de favoriser leur intégration, ainsi que la colonisation de l'île, rendue difficile par le climat et l'hostilité des autochtones. La communauté des caldoches était née, faite d'éleveurs de bétail ou de contremaitres dans les mines.

Sauf que l'implantation de cette communauté se fit au dépend des kanaks, qui peinaient à faire valoir les régles coutumières face à la nouvelle autorité. Certaines tribus, comme celle d'Auguste, se retrouvèrent ainsi parquées avec des règles de circulation strictes, et des domaines terriens réduits à peau de chagrin.

Et ce qui devait arriver arriva. Au milieu des années 80, le sentiment nationaliste et le ras le bol kanak prirent le dessus, plongeant la Calédonie dans ce que l'on appelle aujourd'hui "les événements". Parmi les revendications kanaks, la restitution des territoires et la reconnaissance des droits coutumiers. Auguste (tribu de Ouindo) et Rémi (tribu de Hukekep) ont tous 2 vécu les événements. A Thio, pour Auguste, "un fort noyau de la rebéllion". Rémi, lui, avait à peine 23 ans et fut condamné puis amnisté pendant cette période. Il est assez troublant de pouvoir échanger sans langue de bois avec les calédoniens sur ce passage récent de l'histoire française. Les kanaks avec lesquels nous avons pu en parler semblaient à la fois fiers du dénoumenent, et de l'exemple qu'ils ont été pour d'autres peuples.

Jacques Lafleur, Loyaliste et défenseur de la Calédonie française, et Jean Marie Tjibaou, indépendantiste, symbolisèrent la fin des troubles par une poignée de main historique, au moment de la signature des accords de Matignon, en 1988. Tjibaou le paya ensuite de sa personne, assassiné par un indépendantiste d'Ouvéa, comme un prélude à ce qui attendait quelques années plus tard Yitzhak Rabin...

Aujourd'hui encore, le sentiment indépendantiste est très présent. Partout, on peut voir des fanions, broderies, vêtements frappés du drapeau kanak. Certains souhaitent une reconnaissance accrue de la condition kanak, d'autres voudraient carrément l'indépendance pour la kanaky. Par exemple, lors de notre passage, il était question de trouver un drapeau unique mélant drapeaux kanak et tricolore. Les réactions - vraiment contrastées -, allaient du "les deux drapeaux, c'est très bien" au "le seul drapeau, c'est le drapeau kanak", en passant par "ils n'ont qu'à faire un référendum pour choisir un des deux drapeaux."

Car même si les choses vont dans le sens de l'apaisement, il est difficile de faire abstraction d'événements vieux de 30 ans à peine. D'ailleurs, nous avons plusieurs fois senti un adoucissement de la part de kanaks lorsqu'ils apprenaient que nous n'étions pas des caldoches en week end, mais simplement des "métros", des touristes de métropole.

Toujours est-il qu'avant même la fin de l'apartheid, avant la fin du conflit nord irlandais, et -bien sûr -, avant la fin du conflit israélo-palestinien, la Calédonie avait résolu son épineux problème de cohabitation entre 2 communautés.

 
 

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