dimanche 9 juin 2013

¿Habla español?

Imaginons un peu la conversation entre un minot du vieux port et un chtimi calaisien. Entre les "putaing" et les "biloute", que comprendrait alors un espagnol parlant à peine le français? C'est un peu la situation dans laquelle nous sommes en Amérique du Sud.

D'avis général, le meilleur castillan est celui des pays du nord : Colombie, Équateur, Pérou. N'étant pas spécialistes de la langue, nous ne pouvons qu'acquiescer, en constatant effectivement que nous n'avions aucune difficulté à comprendre les péruviens. Seule particularité notable, au Pérou, tout est plus petit. Ainsi, on ne dit pas 'una ora' (une heure), mais 'una orita' (une petite heure). De même, chez les vendeuses ambulantes, un sol (monnaie locale) devient un solito. Prononcé avec la voix aiguë de ces petites dames, cela revêt un charme fou!

À peine passée la frontière avec la Bolivie que le 'Buenos Dias' se transforme en 'Buen Dia'. À ce détail près, les boliviens parlent eux aussi un castillan tout à fait compréhensible. C'est à Uyuni que les choses se sont gâtées: nous avons rencontré nos premiers argentins (lire 'Désert de sel en haute altitude'). Et pour tout dire, au premier contact, nous avons cru qu'ils étaient israéliens! Même Wlady, le guide bolivien, avait du mal à les comprendre!

Car les argentins ne parlent pas espagnol, ils mâchent espagnol. Tous les sons se rapprochant de la phonétique [li] sont remplacés par [che]. Ainsi, 'la llave' (la clef) devient 'la chave', et 'la parilla' (grillade) devient 'la paricha'! Évidemment, il existe des exceptions, des mots dans lesquels le [che] est introduit arbitrairement. 'Aqua' (ici) se prononce...'Acha', tout comme on dit 'archentina', 'cho' (io), ou le grand classique :'Si, cho le dicho a echo' ('si, io le dico a ello', oui, je lui ai dit). Assorti à ceCHa, CHes arCHentins poCHèdent un patois bien étoffé. Merde, CH'est contaCHieu. Boluto, boss, che, sont des termes courants. C'est d'ailleurs parce qu'il ponctuait ses phrases de 'Che' que Guevara a été afflubé de ce surnom.

Les seuls capables de rivaliser en incompréhension avec les arCHentins sont les chiliens. Avec ceux ci, pas de CH ou de patois. Seulement, parler avec un chilien, c'est un peu discuter avec brad pitt dans Snatch: ça va vite, très vite! Le chilien est le Lucky Luke de la diction, l'Usain Bolt de la palabre!

Imaginons ainsi une conversation entre un archentin de Buenos Aires et un chilien de Santiago. Entre les "Ch" et les "olaquetalmuibienytu", que comprendrait alors un couple de français parlant un castillan de base? Une chose est sûre, ce n'est pas l'anglais qui nous sauve. La langue de Shakespeare est peu pratiquée ici, et il est plutôt mal venu d'entamer les conversations avec elle. Cela nous permet quand même de bien rigoler, quand des anglo saxons ne prenant pas la peine d'apprendre à dire 'bonjour' se font vertement envoyer sur les roses...

 

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