L'entrée dans un nouveau pays implique des formalités administratives, dont les questions sont parfois saugrenues. En général, plus le pays est développé, plus les questions sont irréalistes ("Avez vous eu des relations avec les organisations Nazis?", "êtes vous sous le coup d'une interdiction de séjour sur notre territoire?", etc.). Une question revient par contre invariablement : " Quelle est votre profession?" (occupation en anglais). Depuis septembre, nous répondons à cette question avec une joie non dissimulée :"traveller". traveller. Voyageur. Comme d'autres avant nous, et d'autres après nous. Car au final, notre petite aventure est somme toute assez commune dans le monde des voyages.
Les premiers backpackers de modernes furent sans doute Tony et Maureen Wheeler, qui traversèrent l'Asie avec leur sac à dos. C'était en 1972, et cette aventure leur donna envie d'écrire un guide, devenu aujourd'hui le bien nommé 'Lonely Planet'. Depuis, les expéditions diverses et variées se sont multipliées, et le nombre de backpackers a explosé, pour le meilleur et pour le pire.
'Dédé et Azziz' nous avaient confié leur déception d'avoir été catégorisés par certains backpackers lors de leur voyage, tout comme 'Maxouflette' nous disait qu'au fil du temps, les rencontres avec les autres voyageurs perdent de leur saveur.
Effectivemment, il transpire parfois une sorte de compétition dans les rencontres: c'est à celui qui aura voyagé le plus longtemps, le plus loin, vu le plus de choses extraordinaires, ou voyagé le plus 'à l'arrache' possible. Dans cette dernière catégorie, on retiendra le bobo rasta qui en Calédonie nous affirmait :" La Nouvelle Zélande? Pff, inutile de louer un van; vous faites du stop, les gens sont cools, ils vous hébergeront et vous nourriront!". Là, la chanson 'petit rasta' de M. Roux résonnait très fort dans nos têtes.
Dans un autre genre, on peut citer ces propriétaires de vans en Australie et Nouvelle Zélande, dont la mentalité se résume à "J'ai mon van pour 1 an, je fais ce que je veux, où je veux!". Dommage pour ceux qui passent derrière et paient les pots cassés. Quant aux drôles de zoulous qui effectuent plusieurs milliers de km pour venir se gazer la feuille dans les pubs irlandais d'Amérique du sud...chacun son trip. Nous en avons rencontré un certain nombre qui avient séjourné à l'hôpital, victimes du combo altitude/alcool/nourriture. C'est peut-être d'ailleurs le côté positif, quoiqu'éprouvant, du backpack en Afrique : impossible de faire semblant!
Évidemment, toutes les rencontres ne sont pas désagréables, et certains voyageurs ont des projets vraiment épatants. Citons par exemple ce néérlandais rencontré à Mikumi (Tanzanie), qui parcourait le monde au volant d'une Ford T de 1910, au profit d'une association caritative pour orphelins. La Tanzanie, c'est aussi le pays de notre rencontre avec Joseph et ses compagnons, qui à 70 ans passés se promenaient au volant de leur 4x4 en Afrique de l'Est.
De même, on ne compte plus les cyclistes et motards croisés, moral d'acier, esprit vagabond, entre Australie, Nouvelle Zélande et Amérique du Sud. Il y a aussi ceux qui choisissent la voix maritime, et naviguent sur les océans du monde entier. En Polynésie, et particulièrement aux Marquises, ils sont légion!
Pour d'autre, c'est le travail qui fait voyager. Joseph, par exemple, était spécialiste de la Bible, et conseiller en traduction. Lors de notre rencontre à Nuku Hiva (Polynésie), il travaillait sur une traduction marquisienne de l'ouvrage. A ses dires, seuls lui manquaient St Pierre et Miquelon et une autre île pour avoir visité tous les territoires francophones au monde (DOM, TOM). Louis, après 2 années de travail en Nouvelle Calédonie, s'apprêtait pour sa part à regagner la France en traversant l'Asie puis l'Europe, en utilisant tous les moyens de transport possibles, exception faite de l'avion!
Enfin, comment parler voyage sans citer certaines grandes expéditions, et notamment celle des poussin, ce couple qui traversa l'Afrique à pieds, du Cap au Caire. Ils relatèrent leur aventure dans 'Africa Treck'. Dans la même veine, Mike Horn fit le tour du monde en restant dans une bande de 50 km de large autour de l'Équateur ('latitude 0'), ou ce journaliste français qui s'inventa un cv d'alpiniste pour partir à la conquête de l'Everest!
Aujourd'hui, alors qu'internet permet de réserver et payer un vol pour n'importe où dans le monde en moins de 10 minutes, la notion d'aventurier perd un peu de crédit. Il faut ainsi faire preuve d'une sacré imagination pour sortir des sentiers battus!
NB : cet article, comme ceux de ce blog, est issu du fruit de notre expérience personnelle, donc fortement subjectif. Nous ne prétendons pas détenir la vérité, et en tant que backpackers, partageons évidemment notre lot de torts et de tares.
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