Paul, notre guide de plongée, nous avait prévenu : "les cookies aiment par dessus tout faire plaisir! Si vous allez chez quelqu'un et dites que vous êtes fan d'un de ses tableaux, pour sûr, à la fin de la soirée, il vous l'offrira!". C'était malheureusement après que nous aillions confié à Mano notre désir de goûter un Umu...
L'Umu est aux îles Cook ce que le bougna est à la Calédonie : Un plat de fête, lentement cuit à l'étouffée dans des feuilles de bananier. Nous avions fait une croix dessus après que l'hôtesse d'accueil du Rarotongan Beach resort nous ai annoncé: "Oui, nous faisons un Umu mercredi, accompagné d'une Island night. Par contre, il faut un minimum de 30 convives, et pour l'instant, vous êtes 4!".
Et puis, mardi matin, lors de la visite quotidienne rendue à nos hôtes, Mano lança distraitement: "demain, nous ferons un Umu. Amish et moi avons creusé le trou, et préparé les pierres. Vous, allez acheter des côtelettes d'agneau. Nous préparerons tout ça demain matin." La surprise était de taille!
Car le Umu, ce n'est pas simple. D'abord, il y a le four: c'est un trou profond creusé dans la terre, rempli de bois, puis recouvert de pierres. c'est sur ces pierres que sont cuits les mets pendant 2 à 3h, emmitouflés d'un épais tapis de feuilles de tarots et de bananiers. Inutile d'insister sur le fondant que confère ce type de cuisson aux aliments...
Les mets en question pourraient être cuits au four, ils n'en seraient pas moins délicieux. Mais nos hôtes avaient décidé de servir un vrai Umu traditionnel. Côtes d'agneau marinées, ailes de poulet au lait de coco, thon entier...le tout savamment empaqueté dans des feuilles de tarot (rukau, au goût proche des épinards, quoique moins fort), puis dans des feuilles de bananier. Pour agrémenter tout ça, des patates douces, des cubes de citrouille, et des fruits de l'arbre à pain, sorte de fruit du jackier, eux aussi cuits à l'étouffée.
Mercredi midi, Mano alluma donc le feu, puis entrepris de préparer les légumes avec Renaud. Pendant ce temps, Vanessa et Ina confectionnaient le "toit" du four, en feuilles de tarots tressées.
Une fois les pierres chaudes, (i.e. le feu éteint), Mano déposa délicatement les plats dans le four, avant que nous ne les recouvrions des feuilles de tarot, d'une bâche tissée, et de sable. "Il ne faut surtout pas qu'il y ait de fuite!" insistèrent en coeur nos hôtes.
Ina poursuivit: "Le Umu est un repas de fête de famille. Les femmes préparent les plats, les hommes gèrent le four et la cuisson, et la grand mère s'occupe des enfants en confectionnant des jouets". Nous nous sommes ainsi transformés en petits cookies le temps d'une après midi passée à tresser les assiettes en feuilles de palmier, puis divers jouets : lunettes, bracelets, moulins à vent...
A 17h, Renaud pris la pelle pour déterrer la nourriture, conseillé par Mano. De délicieuses odeurs s'échappaient de cette corne d'abondance, nous mettant l'eau à la bouche! Il était temps de passer à table, décorée façon locale. Ina, qui s'était éclipsée un instant pour revêtir sa tenue du dimanche, mis un peu de musique. C'est à cet instant précis que nous sommes définitivement tombés amoureux de Rarotonga!
Renaud ayant eu l'honneur de donner le Bénédicité, l'inoubliable festin commença! Le goût sucré des légumes, les viandes fondantes, le poisson cuit à merveille, le fameux jus papaye/passion de Mano, tout était succulent.
Nous avons apprécié à sa juste valeur le privilège que nous ont fait Mano et Ina. Cela fait plusieurs années qu'ils n'avaient pas fait de Umu, et vue la quantité de travail nécessaire, on comprend pourquoi! Pour conclure sur cette immersion inespérée dans la vie de nos hôtes, il faut bien avouer que parfois on galère, parfois on se verrait bien tranquillement installés dans notre canapé plutôt que d'être en rade sous la pluie à 2h du matin, mais pour rien au monde nous n'aurions échangé ce moment de plénitude et de bonheur au bout du monde, en compagnie de deux personnes étonnantes!
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