Bien qu'elle soit relativement récente, l'Australie peut se targuer de quelques un des plus beaux chefs d'oeuvres de stupidité biologique. Le pays semble même être un expert du genre. Petit florilège.
Le passage au lac Eacham (lire Atherton tablelands et le lac Eacham) nous a conforté dans l'idée que décidément, l'humain est sacrément destructeur. Il y a encore 30 ans, seules 3 espèces de poissons peuplaient ce lac, et ce depuis des centaines d'années. En moins de 5 ans, ces 3 espèces ont disparu, remplacées par d'autres importées accidentellement des cours d'eau de la plaine. Loin du désastre des tilapias au lac Victoria (voir l'excellent film "Le cauchemar de Darwin"), ce bouleversement de l'écosystème du lac Eacham est représentatif des bourdes australiennes en matière de gestion environnementale.
Difficile d'imaginer qu'un habitant "historique" du site soit rayé de la carte si brutalement, sans raison apparente. Si nous osions, nous pourrions cependant faire un drôle de parallèle avec la conditon aborigène depuis l'arrivée des colons dans le pays...
Deux autres exemples sont nettement plus risibles, quoique vraiment dommageables. L'ampleur nationale de leur portée en fait selon nous des chefs d'oeuvres!
Commençons par ce qui est sans doute le plus connu : les "cane todd". Les cane todd sont de gros crapauds marrons répugnants, visqueux à souhait. En plus d'être des reproducteurs frénétiques et de gros dévastateurs, ils possèdent 2 glandes toxiques qui rend leur contact dangereux. Le poison de ces batraciens a sur les chiens l'effet - paraît-il - de la cocaine! Mais revenons en au début, et à la question : comment ces crapauds sont-ils arrivés sur le sol australien?
Il faut pour cela remonter à l'importation de la canne à sucre sur la côte Est australienne. Brillante idée, puisque le climat du Queensland est parfaitement adapté à ce type de culture. Hélas, cette importation s'est acompagnée de passagers clandestins : les mouches! Celles ci ont eu tôt fait de pulluler et de détruire les plantations et la végétation attenante. Aux grands maux, les grands remèdes : les autorités australiennes ont immédiatement pensé que l'importation d'un prédateur de ces mouches résoudrait le problème. D'où l'importation des cane todds...
Sur le principe, l'idée est acceptable...sauf que les batraciens ne se sont jamais intéressés aux mouches, et ont par contre gangréné le territoire de façon inquiétante et beaucoup plus destructrice que les mouches! Aujourd'hui, écraser un cane tood en voiture ou l'utiliser comme balle de golf sont des gestes bienvenus, tant ils contribuent à l'éradication du fléau. Certain pubs offrent même un pichet de bière gratuit sur présentation de 5 crapauds!! De leur côté, les mouches sont traitées autrement, en limitant simplement leur expansion, par exemple.
On trouve d'ailleurs de nombreux panneaux au bord des routes indiquant des zones de quarantaine, ou d'interdiction d'importation. On trouve même à l'entrée des grandes villes des zones de nettoyage des pneus et carrosseries de camion, afin d'éviter la propagation des mouches et autres insectes nocifs dans les régions épargnées. Nous n'irons pas au Victoria, mais apparemment, des contrôles de douane strict y sont opérés afin d'éviter toute importation de fruits et légumes.
Si l'anecdote précédente implique une importation clandestine, la prochaine traite elle d'une "non importation", qui a failli mettre le pays "dans la merde", au sens propre du terme...
L'histoire se passe au moment de l'importation de l'élevage bovin au pays des kangourous. Riche idée là encore : les grandes étendues sont propices à l'épanouissement d'immenses troupeaux, et le marché du bétail australien est vraiment important. Oui, mais qui dit vache dit bouse de vache. Et qui dit bouse dit bousier. Vous savez, les petites bêtes qui poussent des boules de caca sur les reportages d'arte! Hormis leur aspect photogéniques, ces insectes assurent la destruction rapide des défections animales. Eh bien il s'est avéré que les bousiers australiens originaux n'aimaient pas la bouse de vache!
Du coup, ce sont des tonnes de bouse qui se sont accumulées au début de l'implantation des élevages, sans rien pour les détruire! Il a donc fallu importer des bousiers compétents, en prenant cette fois garde à leur impact potentiel sur le reste de l'écosystème...
Ces 3 exemples ne sont pas isolés, et nous enrichissons chaque jour un peu plus notre culture en la matière. Vick, rencontré au moment du petit déjeuner "post éclipse" (lire à l'ombre de la lune) nous a livré un véritable cours magistral. Cet employé communal de la ville de Mackay, passionné de pêche et de nature est resté plus d'une heure à papoter avec nous. Parmi les sujets de discussion abordés, la baignade et les jellyboxes (vous savez, les méduses tueuses!). Eh bien, à notre grand étonnement, Vick nous appris que celles ci avaient été importées par les bateaux en provenance des mers asiatiques, sur la coque ou dans les cargaison!
Notre compagnon du moment était intarissable sur la faune du Queesland. Il nous conseilla : "Ne laissez pas trop les portes de votre van ouvertes, certaines araignées n'attendent que ça pour s'y cacher." Boarf, des araignées, mon pti' gars, ça ne nous a jamais fait trop peur. Sauf que là ce sont d'énormes tarantules noires, poilues à souhait! Par chance, elles sont inoffensives..."pas comme les petites au dos rouge! Celles là, si vous les voyez, n'y touchez pas, elles sont très dangereuses! On ne les avaient pas au Queensland, avant, elles ont été importées du Sud du pays".
Et pan! un autre exemple d'importation (involontaire !) ratée. En même temps, à notre petite échelle, le plan d'action araignée semblait simple: noire, on la vire; rouge, on déguerpi. "Ca, c'était avant la mutation...", nous répondit Vick quand nous lui exposâmes le plan. Eh, oui! dame Nature étant joueuse, les deux espèces ont commencé à se mélanger, et l'on trouve maintenant des araignées noires de taille moyenne, au dos rouge. Bien évidemment, elles sont dangereuses! Ou quand la génétique fait des miracles...
Nous allons continuer les recherches pour dénicher d'autres perles australiennes le plus vite possible. Avec un seul mot d'ordre à présent : "on ne touche pas aux araignées"!
Salut a tous les deux.
RépondreSupprimerJe profite de cet article original pour mettre mon premier commentaire sur votre Blog. J'adore...
Bon sinon j'en profite pour souhaiter un bon anniversaire au bidouilleur de service!!!
A bientôt.