jeudi 18 octobre 2012

Iringa, ou la vulnérabilité du voyageur - 12/10/2012

Dans un pays étranger, un lieu inconnu, avec une langue qu'il ne comprend pas toujours, le voyageur est vulnérable. Facilement repérable, il est une proie de choix des pickpockets et autres personnnes malattentionnées. Son sac à dos est sa maison, son univers: sans lui, il est tout nu. Il lui faut donc sans cesse faire preuve de vigilance, sans pour autant s'empêcher de vivre. Illustration de cette vulnérabilité lors de notre trajet Mikumi - Iringa - Makambako.

Les sirènes du Tan Swiss lodge auraient pu nous retenir des semaines durant, tellement la vie y était paisible. Un grand merci à Joseph et toute son équipe pour la qualité de l'accueil et des services proposés par le Tan Swiss Lodge. Sans leur aide, nous aurions été bien embêtés, et n'aurions tout simplement pas pu vivre les 2 jours de rêve dans le parc national de Mikumi! Nous vous recommandons donc chaleureusement cette excellente adresse! Cependant, il nous fallait poursuivre la descente vers le sud du pays, et reprendre contact avec la réalité.

 

Qui dit voyage, dit gare routière. La petite gare de Mikumi n'échappe pas à la règle et comporte son lot de rabbateurs, prêts à nous vendre n'importe quel billet. Difficile de séparer le bon grain de l'ivraie, pour ne pas se trouver avec un billet inutilisable le lendemain. D'autant que l'anglais est beaucoup moins utilisé ici, et notre swahili n'est pas encore parfait (nous l'améliorons de jour en jour, cependant). Cerise sur l'Ugali, les horaires sont annoncés soit en temps Swahili, soit en temps international: l'heure swahili est en retard de 6h sur l'heure internationale (il est 4h swahili lorsqu'il est 10h internationale). Mieux vaut donc se faire préciser l'horaire pour éviter de se pointer en pleine nuit à la gare...

 

Mardi, nous tentions d'évoluer au milieu de cette cacophonie, lorsqu'un homme nous tendit subitement un téléphone : "Tan- Swiss! For you!". Nous sachant à la gare, une employée venait de contacter un ami pour nous guider vers une compagnie sure!! Coup de bol, nous étions justement au guichet de cette compagnie. Nous prîmes donc 2 billets pour Iringa, au tarif de 12 000 TZS (et non pas 15 000, comme voulait nous le facturer ce gredin de vendeur!). La réceptionniste du Tan Swiss insista tout de même pour vérifier nos billets, et s'assurer de l'horaire! Quand on vous dit qu'ils se sont bien occupé de nous!

 

Mercredi matin, nous étions occupés par les clips vidéos dans le local de la compagnie Hood, lorsqu'un homme intrigué par notre présence engagea la conversation, dans un anglais parfait. Emmanuel habitait Mbeya, et allait prendre le même bus que nous. La discussion se poursuivit, et tourna même à la réunion quand nous sortîmes le lonely planet pour qu'il nous montre son village natal. Un joyeux attroupement se forma autour du livre, tant pour contempler la carte que pour nous indiquer telle ou telle ville. Seul un rabatteur - ayant acourru en nous pensant perdus - reparti la tête basse, déçu.

 

La réunion pris fin à l'arrivée du bus. Le moment pour nous de déposer avec appréhension nos gros sacs en soute, et d'appliquer la technique du binôme : un des 2 prend les petits sacs et monte dans le bus à la recherche de places, pendant que l'autre aide l'assistant chauffeur à ranger les gros sacs en soute, et en profite pour vérifier qu'ils ne disparaissent pas! Ca peut paraître de la paranoïa, mais pour avoir été témoins de la disparition de sacs en Indonésie ou en Equateur, nous préférons faire ceinture - bretelles! D'ailleurs, nous essayons toujours de nous assoir du même côté que la soute.

 

L'aventure du bus Mikumi -Iringa est un peu plus cocasse. Tandis que nous contemplions les paysages montagneux et arides de cette région de l'arc oriental, Vanessa s'écria tout à coup : "La soute!! elle s'ouvre!!". L'assistant chauffeur venait également de constater que nos bagages ne tenaient plus qu'à un fil! Arrêt immédiat du bus, sprint pour ranger tout ça, et nous voilà repartis!

 

De prime abord, Iringa est beaucoup plus agréable que les villes touristiques du nord du pays. Les gens semblent plus accueillant, et nous avons passé un bon moment de l'après midi de mercredi à discuter dans les rues commerçantes de la ville. Parmi les bons souvenirs, le moment passé avec 2 hommes qui bobinaient le rotor d'un moteur éléctrique, en utilisant des radiographies en guise d'isolant...

 

La belle rencontre de la journée fut Titho, étudiant en informatique et employé au Central Hotel. Devant nos mines déconfites de ne pas trouver un endroit ou diner après 19h30, il attrapa sa veste (oui, à Iringa, le soir, il caille! Merci les polaire Arod!) et nous conduisit dans une cantine locale, pour un très bon repas, et une excellente soirée!

 

Le lendemain matin, la bonne humeur des locaux semblait toujours de mise, tandis que nous déambulions le long des étals du marché, entre poissons séchés et légumes frais. Insouciants, nous nous enfoncions de plus en plus profondément dans la ville. Au détour d'une rue, 2 hommes commencèrent à nous apostropher vertement, avant qu'un homme d'une cinquantaine d'année (avec une magnifique rangée de dents en or) ne vienne nous voir pour nous expliquer mi en français, mi en anglais : "ici, c'est un coin de drogués. vous feriez mieux de ne pas trop traîner là, car ils vont vous embêter!". Message reçu: nous quittâmes aussitôt la zone, et regagnâmes des rues plus fréquentables.

 

En milieu d'après midi, la gare routière où nous allions prendre les billets pour Makambako semblait très calme. Ce qui fit dire à Vanessa "C'est calme : attention aux pickpockets!". Annoncé compte double, elle ne pensait pas si bien dire. Tandis que nous remontions un escalier de bois bancal, nos tickets en poche, un grand échalas s'agrippa au bras gauche de Renaud en lui lançant :"Hey! My friend!". Nous avons l'habitude d'être interpellés de la sorte, mais là l'intonation était différente. Renaud pensa :"intonation bizarre + type bizarre = danger!", en même temps qu'il sentit une pression le long de sa jambe droite. Brusquement, il saisit la main d'un second homme, presque accroupi contre la poche latérale de son short, en s'arrachant de l'emprise du premier. Vanessa était prête à bondir (les pauvres!), Renaud avait l'oeil noir, ce qui fit avouer à Vanessa plus tard :" Je ne t'avais jamais vu avec un regard aussi méchant. Tu m'as fait peur!". Les deux salopards déguerpirent sans demander leur reste, pendant que Renaud calmait sa chérie, passée en mode "Rocky".

 

Echaudés par cette montée d'adrénaline sans frais, nous nous rendîmes au Neema Artcraft Café - qui emplie principalement des sourds ou handicapés - dans l'espoir de se restaurer. Las, il était 18h30, et le café ne servait plus que des cookies, délicieux. C'est en quittant l'endroit que nous avons rencontré Jawwad, assis à une table avec son jeu de 52 cartes. Ce banquier londonien, prestidigitateur à ses heures, nous gratifia d'une quarantaine de minutes de show ébouriffant! Assis à moins d'1m de lui, nous n'avons jamais été capable de déjouer un seul de ses tours! Bonne continuation à toi, Jawwad le magicien!

 

Vendredi matin, accompagnés d'un Titho à la fois inquiété par la mésaventure de la veille et triste de nous quitter, nous avons gagné la gare routière. Niveau de vigilance écarlate au moment de prendre le bus Super Féo! Dans la technique du binôme, Vanessa épaula l'assistant pour ranger les sacs (avec les dragueurs en bonus), pendant que Renaud se battait pour entrer dans le bus (avec les vendeurs ambulants en bonus). Rien d'exceptionnel au cours des 3 heures de ce trajet, qui nous a conduit à Makambako, dans une petite auberge d'un fort bon rapport qualité prix. Objectif : finir notre descente vers la Zambie, en prenant le train demain matin.

 

Ainsi est fait notre quotidien, de jolies rencontres, tout en conservant une certaine méfiance. Le fait de voyager à deux est une force, puisque nous pouvons veiller l'un sur l'autre, et éviter quelques problèmes. Bien sûr, ce n'est pas le far west tous les jours, et les pickpockets pullulent aussi à Lyon. Gageons que dans quelques années, c'est au sourire et à la gentillesse de Titho que nous penserons en évoquant Iringa!

 

2 commentaires:

  1. Apparemment ce n'est pas le moteur d'un moulin à café.
    La prudence est toujours mère de sureté.
    Magnifique;quels merveilleux sourires et Renaud toujours peigné avec les pieds du réveil.
    Bises
    Patrice

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  2. Bon mon Renaud t toujours beau gosse, et chuis rassurée Vanessa veille au grain. Rocky Vanessa, je t'admire c bien, tape dans le tas si besoin.
    Chouette d'avoir de vos nouvelles que je lis régulièrement. Les commentaires, j'y comprends rien, donc je galère, donc j'en mets pas beaucoup.
    Faites attention à vous.
    Des bisous et des calins à foison,
    Elo Réunion (au moins vous me remettez lol)

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