Prendre le TAZARA - le TAnzania ZAmbia RAlway - reliant Dar Es Salaam (Tanzanie) à New Kapiri Mposhi (Zambie) -, c'est un peu prendre l'Orient Express africain. Le luxe et Hercule Poirot en moins, l'aventure et les galères en plus. Avant même de quitter la France, nous avions imaginé ce voyage en train comme le bouquet final de notre périple africain. Une chose est sure, nous n'avons pas été déçus!
L'idée initiale d'entamer ce pélerinage dès Dar Es Salaam a cependant fait du chemin, au fur et à mesure que nous descendions vers le sud du pays (Mikumi, Iringa, Makambako: voir l'itinéraire sur la carte google). La petite ville de Makambako, sans intérêt particulier, devait ainsi être le point de départ du trajet.
Samedi matin, aux aurores, nous nous sommes donc rendus à la gare, déserte la veille. Conscients des possibilités de retard du fameux train - attendu à 7h53 (!) -, nous étions armés de toute notre patience...et fûmes vite dépourvu lorsque le chef de gare nous annonça : "- le train pour la Zambie? ah! non, il ne viendra que demain matin, car il est parti avec 1 jour de retard!
- 1 jour? un jour entier?!
- oui, oui."
Inutile de rouiller un jour de plus dans ce coin venteux digne d'un décor de western, nous prenons vite la direction de Mbeya, dernière gare avnt la frontière.
3h de bus plutôt correct et une petite course en taxi plus tard, nous voici à la gare ferroviaire de Mbeya. Elle grouille de voyageurs qui attendent le train en direction de Dar Es Salaam. Tous veulent un ticket, mais les 4 guichets sont fermés. Pour cause: le passage imminent d'un cortège funéraire dans le hall de gare. Lorsque celui ci arrive, le niveau sonore prend une claque: c'est à qui gémira le plus fort! 20 minutes de lamentations plus tard, le convoi qui la gare par l'autre côté. A ce jour, nous n'avons toujours pas compris pourquoi ils ne sont pas directement passés par l'extérieur... Le convoi passé, une longue file d'attente se forme. Vanessa reste assise près des sacs tandis que Renaud découvre la proximité à l'africaine. Puisque personne ne veut perdre sa place, chacun se colle à son voisin de devant. L'homme qui suit Renaud lui colle son torse transiprant dans le dos, un vrai régal!
1h30 de queue - et de proximité - plus tard, vient enfin notre tour. "2 billets 1ere classe pour Kapiri Mposhi, svp!" Le guichetier nous regarde à travers ses lunettes (dont il n'a pas décollé le prix), et répond : "ah! mais les billets 1ere classe, il faut les réserver à Dar Es Salaam!". Liquéfaction...Il réfléchit un instant (10 bonnes secondes!) avant d'ajouter: "Peut-être que je peux appeler là bas". Avec une lenteur qui en a vu plus d'un mourir, il se saisit du téléphone et réserve pour nous 2 places. ouf! L'envie de passer 24 h sur une banquette ne nous enchantait guère!
Auréolés de nos précieux graal, nous prenons un dalla dalla vers le centre ville. Moment choisi pas Vanessa pour exécuter la plus belle cascade de ce premier mois: la porte d'entrée du van est riquiqui, Vanessa se baisse pour entrer, pas son gros sac à dos! celui ci frappe le haut de la porte, et renvoie mademoiselle sur le plancher des vaches, dans un éclat de rire général! note artistique 10/10!
L'hotel Sombrero de Mbeya est agréabe, quoiqu'extrêmement bruyant. Dimanche matin, nous sommes donc réveillés de bonne heure, animés par un gros souci: le visa double entrée pour la Zambie coûte 80 $ par bonhomme (ouch!), et nous ne disposons que de 130 dollars...Nous tentons donc de trouver un improbable bureau de change ouvert un dimanche. Peine perdue! Au cours de notre recherche nous passons devant une église luthérienne en fusion. Intrigués, nous nous approchons, et sommes de suite invités à entrer. A l'intérieur, c'est de la folie pure : sur scène, 1 synthé, 1 basse, 5 choristes et une chanteuse (la pasteure, en fait) donnent la mesure. Les quelques 200 personnes de l'assistance chantent à tue-tête , dansent, c'est simplement invraisemblable! Niveau sonore évalué à 95 dB environ par l'acousticien du binôme. Une femme, Jane, nous approche rapidement en demandant si nous parlons swahili, et propose de nous traduire le prêche, dont le sujet est l'esprit sain. Entre les idées générales, nous faisons la connaissance de cette dame fortement impliquée dans sa ville. En 1992, c'est elle qui y ouvrit le premier magasin d'informatique! Aujourd'hui, elle exporte des produits locaux aux USA et UK.
C'est sans doute la providence qui a mis Jane sur notre route, puisqu'elle nous indiqua une petite échoppe, dont le gérant pourrait nous changer des dollars!
Change fait, nous prenons le taxi pour la gare. Il est 13h30, le train est attendu pour 14h, mais la gare est déserte, fermée. Un employé vient à notre rencontre : "
- Bonjour, la gare est fermée??
- oui, les gens sont partis manger. Ils vont revenir bientôt.
- Et à quelle heure est le train?
- le train? il ne passe pas avant mercredi!
-....(mentons qui claquent par terre, yeux convulsés, oreilles qui fument)
- ah! mais celui pour la Zambie? ce soir, autour de 17h!"
C'est presque contents que nous patientons 3 h de plus! On en profite pour apprendre comment se sortir des tentacules d'une pieuvre géante, et comment faire son trou dans les bois...(cf. "le temps de dire au revoir"). 17h30, le train arrive dans un nuage de poussière. La bête est massive, avec sa loco diesel, ses compartiments métalliques des années 80, ses bogies rouillés! Nous nous dépéchons de trouver un compartiment, laissé libre par 2 touristes qui descendent. Comme prévu, une sorte de controleuse nous informe que nous ne pouvons pas dormir homme et femme dans la même cabine, à moins d'acheter les 2 autres places de la cabine. Comme prévu, nous avons suffisamment d'argent en reste pour acheter les 2 places. "Vous pouvez les payer?" nous demande-t-elle. Devant notre réponse affirmative, elle ne dit rien, et s'en va sans nous faire payer! Cool!
19h: une brusque secousse, et un fracas énorme nous arrachent de nos banquettes: on part! on part! La belle affaire! le train grince, couine sur les voies abimées. Il tangue, il balance, dans quelle drôle d'aventure nous lançons nous? Régulièrement, nous nous stoppons, en gare ou en pleine voie, pour des durées non maitrisées, puis repartons de plus belle. Le travelage nous berce, et nous finissons par nous assoupir.
"Change! change! change! boarder change!!" Les changeurs à la sauvette nous réveillent à la frontière! L'émersion est difficile. Nous changeons quelques kwachas, à un taux dégueulasse. Puis vient l'immigration zambienne, payée en dollars (merci Jane). Nous quittons ainsi la Tanzanie au beau milieu d'une nuit agitée par les passages et bruits dans le couloir attenant.
La journée de lundi passe vite, entre parties de monopoly sur ipad, discussion avec d'autres gens, et grignotages.
L'arrivée à Kapiri Mposhi - prévue à 15h - a finalement lieu à 20h30. Accompagnés de 4 touristes américains bien sympathiques, et d'un couple anglo-zambien, nous prenons place à bord d'un minibus, direction Lusaka. Les américains, avec qui nous avions sympathisé dans le train, s'endorment lentement. Renaud discute donc avec David, expatrié anglais, tandis que Vanessa sympathise avec Jackie, sa compagne zambienne, et Michael, leur jeune fils. Le trajet de 2h en prend finalement 3, et nous arrivons à Lusaka sur les coups de minuit. Il est tard, nous sommes fatigués, et prenons la même direction que les américains : Le cha cha cha backpacker.
Problème : la course négociée 20 000 kwachas au départ passe subitement à 30 000 quand le chauffeur doit rendre la monnaie. Renaud négocie avec le chauffeur, sans succès. Il envoie le gros calibre : Vanessa, épuisée mais hors d'elle, jette son sac à terre et remonte dans le taxi. Elle s'assoit à côté du chauffeur, et lui tient à peu près ce langage : "tant que tu me rends pas la monnaie, on bouge pas. j'ai toute la nuit." Julie, une française avec laquelle nous avons partagé la course fait de même. Nous récupérons finalement la monnaie, et pouvons aller dormir. Il est 2h du matin, le train tangue encore dans nos têtes : quelle aventure!
Nous vous suivons au jour le jour, c'est vraiment fantastique ce que vous vivez ... D'après les infos vous quittez l'Afrique pour l'Australie, envoyez le max d'infos et photos si possible , amusez vous bien ..
RépondreSupprimerAmicalement
Bernard& Monique
ah! ça fait plaisir de voir qu'au garay, les gens se soucient de nous. On fera de notre mieux pour les nouvelles en Australie. Première mission : trouver un van ou un 4x4 à Darwin, si possible rapidement...
Supprimer@ bientôt!
Hé! Les loulous, dire qu'en France j'en connais qui gueulent quand le train a 5 minutes de retard. J'aurai dû travailler dans ce pays!!!!
RépondreSupprimerOn s'évade à chaque fois que on vous lit.
Des photos et un max d'infos, ce sont les racines et les ailes de Vaness et Réno.
Bises à vous.
Patrice
ben là personne ne criait...29 h de retard, c'est plutôt une bonne perf pour eux, d'après ce qu'on a compris. certains ont eu 3 jours de retard...bisous!
SupprimerOuais ben je crois que beaucoup de monde devrait aller là bas, après ils apprécieraient les services de la SNCF lol (ouais je gueule aussi un peu quand il y a du retard) mais avec un papa à la SNCF, on apprend à relativiser.
RépondreSupprimerMa Vanessa tu es magnifique, à ton retour je veux bien prendre des cours avec toi pour obtenir un ti chouillat de ton caractère, histoire que je sois un peu moins "faible" face aux situations "problématiques.
Soyez sages, des bisous.
Hé je crois que je commence à comprendre les commentaires.
Elo La Réunion