jeudi 27 décembre 2012

La tribu de Ouindo - 18-19/12/2012

Que ce soit sur terre ou dans l'eau, la Calédonie est un écrin de rêve. Que dire alors de ses habitants, souriants et accueillants? Nous avons pu tester toute l'hospitalité kanak, lors d'un passage court mais instructif dans la tribu de Ouindo, chez Ela et Auguste. Et nous en redemandons!

Avant de pénétrer dans l'univers de la "coutume" kanak, mieux vaut se renseigner un minimum. En effet, les traditions sont encore très présentes, et il est mal vu de ne pas les respecter. Ainsi, certaines zones côtières sont interdites à la pêche ou à la baignade : on dit qu'elles sont tabou. C'était par exemple le cas du site Cathédrale à Hienghène (Le club de plongée avait une dérogation spéciale!). De même, il est interdit de ramasser les fruits au bord des routes, puisqu'ils appartiennent aux tribus.

Autre exemple, pénétrer dans une tribu sans aller s'annoncer au chef est très mal vu. Il convient de faire "un geste coutumier". Pour être franc, nous nous y sommes repris à plusieurs fois avant de comprendre comment fonctionne ce geste ancestral. En gros, il faut enrouler un présent symbolique - nous avions choisi un paquet de café et un billet de 500 XPF - dans un manou (le tissu coutumier) et l'offrir au chef de tribu, accompagné d'un discours expliquant le but de notre venue. Le cadeau est symbolique, tandis que le tissu coutumier marque le lien entre les protagonistes.

Evidemment, Renaud s'est bien pris les pieds dans le tapis au moment de ce geste solennel... Auguste ne lui en a pas tenu rigueur, et nous avons pu planter la tente dans l'immense jardin de la famille, juste avant les premières gouttes de pluie. Il était alors temps de prendre un petit apéro - rhum-letchi-citron vert pour Auguste et Renaud, bière locale pour Ela, Eugénie et Vanessa -, en guise de carburant pour une belle soirée de palabres, de rires et d'échanges.

Auguste, passé maître dans l'art du conte, combla notre manque de culture sur le geste coutumier, effectué aussi entre les tribus lors de fêtes ou en guise de dot. A propos du mariage, il nous apprit que l'igname symbolise l'homme, le taro (sorte de cardon) la femme. Une partie du geste coutumier du marié doit donc être constitué des plus beaux ignames de la récolte. Cette dernière s'étalant de mars à août, les mariages ont lieu seulement pendant cette période.

Locace, le maître des lieux était aussi un puit d'Histoire. Il expliqua ainsi à Vanessa comment, petit, il mettait 2 jours pour se rendre à l'école, accompagné de son grand père. Il nous parla un peu plus sérieusement des "événements" (lire Kanaky chérie) des années 80. Nous buvions ses paroles passionnées autant que le rhum et la bière!

Dans son genre, Ela n'est pas mal non plus. Son dada, c'est la peinture. C'est elle qui a décoré les pylones du faret et les murs de la maison. Elle nous montra aussi une partie de ses dessins, tous plus colorés les uns que les autres. Devenue une célébrité locale, elle nous confia la mission de photographier son travail, afin de le transférer sous support numérique au centre info de Thio. Mission accomplie.

Bien sûr, elle n'était pas non plus en reste quand il s'agissait de conter des histoires ou légendes. Après qu'Auguste nous ai relaté l'histoire de la poule et du rat qui partent à la chasse, Ela nous raconta celle la légende du Dugong de la plage de la Moara (lire qui perd gagne) : d'après elle, Luigi (c'est son nom) aurait perdu il y a fort longtemps sa femme, et reviendrait chercher sur cette plage une amoureuse. C'est pour cela qu'il enlace les filles, et tente souvent de les emmener avec lui! De belles histoires, un bon repas, une ambiance chaleureuse...

Au matin, Auguste nous fit faire un petit tour dans le jardin, encore trempé de la veille pour ramasser des "chouchoutes". Ela aurait aimé nous en faire une salade, mais nos hôtes étant attendus à Nouméa dans l'après midi, ils ne pouvaient pas nous garder très longtemps. Qu'à cela ne tienne! Ils nous envoyèrent chez le cousin d'Auguste, dans une autre tribu, située en bord de mer. "Maeva vous les cuisinera! dites lui que c'est de notre part". Ce qu'ils ne savaient pas, c'est que Julien et Maeva étaient eux aussi à Nouméa, et que personne ne pu cuisiner pour nous les fameux "chouchoutes"...

La gentillesse et l'hospitalité d'Auguste et Ela nous ont fait chaud au coeur. Cette façon d'accueillir les gens en toute simplicité et en toute sincérité n'est pourtant pas isolée chez les kanaks, et beaucoup d'entre eux sont très sympas. Prenons par exemple Marie Louise, Adèle, Mélanie et Gisèle, 4 femmes rencontrées au marché de la tribu Saint Philipo 1. Nous nous y étions arrêté pour acheter un ananas, elles ont fini par remplir notre besace de bananes, mangues, et fruits de la passion, avant que nous ne les quittions, 45 minutes plus tard!

 

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