dimanche 16 décembre 2012

Viens chez moi, j'habite dans un campervan

Il s'appelle Ken, mais nous le surnommons affectueusement Kenny. Pendant un peu plus d'un mois, il a été notre maison, notre compagnon de route. Au moment de le quitter, il méritait bien un hommage appuyé.

Il nous a fait craquer au premier coup d'oeil à Darwin. Rien à voir avec les autres van visités, il était propre, spacieux, entretenu: pile poil ce qu'il nous fallait, quitte à rajouter un peu plus d'argent pour l'avoir. Et dès les premiers jours nous l'avons adopté.

Il faut dire que passer 12 heures par jour au volant pour rejoindre le centre rouge, ça crée des liens. D'autant que lorsqu'il n'était pas possible de sortir la table et les chaises, c'est sur la petite table intérieure que nous mangions...les délices préparés à la cuisine, communément appelée le coffre. Pour la vaisselle, en revanche, deux écoles : la plus pratique, lorsque c'était possible, était d'utiliser les bacs sanitaires publiques. Sinon, tels des shaddocks, il nous fallait pomper, et laver dans les petits bacs à l'arrière de Kenny. Une constante cependant : c'est généralement Renaud qui s'y collait...

Pour plus de gaité et de convivialité, nous avons embarqué deux autres passagers dans l'aventure : Annabelle la coccinelle, et Mr Bones, le squelette d'Halloween. Mis à part ces deux fantaisies, Kenny est resté assez discret, ce qui n'était pas un mal pour dormir sans éveiller les soupçons.

Car paradoxalement, en Australie, il est interdit de camper (en tente ou en van) n'importe où, en particulier dans les villes. A la décharge des riverains, il faut comprendre que les abus de certains backpackers, en mode "pan! dans ta face, je fais ce que je veux avec mon van dégueu" peuvent pourrir la vie. Un peu comme si des dizaines de campervan stationnaient tranquillement quais de saône, tables et chaises de camping sur les trottoirs de perrache...euh, non, c'est pas le bon exemple, les backpackers n'ont pas de bougie! D'où un drôle de jeu du chat et de la souris entre les rangers et les campervans, de plus en plus risqué à mesure que l'on descend là côte en direction de Sydney.

Il nous a donc fallu ruser à proximité des villes pour dormir en paix. Et avec un van aux fenêtres teintées, sans rideaux, sans graffiti, c'est plus facile. Nous avons ainsi varié les plaisirs, en tentant d'éviter les parkings publics ou ceux bordés par les pancartes "No camping, No overnight", et en se rabattant par exemple sur les parkings d'hôtels. Eh oui! qui va venir vérifier si vous dormez à l'hôtel ou dans le van?

A Alice Springs, c'est le parking du casino, ouvert jusqu'à 5h du matin, qui nous a accueilli; à Rockhampton, celui du Hungry jack's; à Hervey bay, celui du loueur de 4WD. Là encore, qui va vérifier si vous êtes dans le van ou sur Fraser Island? Comme l'a dit Vanessa :" plus c'est improbable, plus il faut y aller. Les gens vont voir le van et se dire : noooon, c'est pas un campervan, il ne se serait pas garé là!"

A chaque fois, le rituel était le même : arriver prêts à dormir, se garer, tout éteindre, et attendre quelques minutes. Puis passer dans la suite présidentielle, à l'arrière du véhicule, pour une nuit tranquille! Au petit matin, Renaud - généralement réveillé en même temps que le soleil - se glissait au volant, et allait garer le van près de la plage, pour un petit déjeuner en bord de mer...

Deux fois seulement le plan a échoué. La première fois à Airlie Beach - la bourgeoise -, où le choix du parking d'un tout nouveau bâtiment résidentiel n'a pas plu au gardien de nuit. Il faut dire que l'immeuble était encore vide, et que les véhicules stationnés à 21h, heure de notre arrivée, avaient tous mis les voiles avant minuit, heure de notre départ... C'est le parking d'un hôtel qui nous accueilli pour la fin de nuit. Notre second réveil impromptu est bien entendu celui de Noosa, par le policier tatoué venu nous avertir que nous étions à contresens...(lire le hat trick, partie 3).

Sydney fut un véritable test, brillamment réussi. Nous avons passées les deux premières nuits dans la banlieue de Coogee, à deux pas de la plage, une fois en plein centre ville, la seconde dans un quartier résidentiel. Ah oui! les quartiers résidentiels sont eux aussi des destinations de choix, en fin de soirée, et pour peu qu'aucun voisin ne soit trop zélé...La troisième nuit fut elle passée dans le quartier de Glebe, à Sydney: un coin à la fois résidentiel et détendu, moins patrouillé par les policiers que les plages de l'Est de la ville.

Sydney...c'est aussi là que nous avons quitté le van, vendu à 3 frenchies fraîchement débarqués. Celui qui nous avait trimballé sur tant de km, sans jamais chauffer ou montrer un signe de faiblesse s'en est allé vers de nouvelles aventures. C'est le coeur serré que nous l'avons laissé partir en compagnie de Mr. Bones. Annabelle est pour sa part resté avec nous. En guise de souvenir, Kenny a tenu à nous souhaiter bonne route à sa manière: acheté 6000 $ à Darwin, il a resplendi de 1000 feux à Sydney, et s'est revendu 8300 $. Qu'est-ce qu'on dit? Merci Kenny!

 

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